Synthèse du Webinaire : « Quelle est la situation des droits LGBTQ+ en Méditerranée ? »

12 juillet 2023 : 17h-18h
Zoom

Résumé des échanges

Host : Sarah CHELAL, Animatrice réseau, REF
Modératrice : Munya THAHER (Palestine)
Intervenants : Ibrahim GHAZI (Liban) ; Natalia TORRES (Espagne) ; Brahim BASSEM (Tunisie) ; Hamza BENSOUDA (Maroc)
 

Ibrahim GHAZI (Liban) - étudiant en droit et militant des droits de la communauté LGBTQ+ au Liban. 
Au Liban, l’article de loi de 1943 ne pénalise pas directement les personnes de la communauté LGBTQ+ mais est pourtant utilisé par les procureurs pour pénaliser les personnes y appartenant. Cependant, depuis 2009, il y a un réel changement au sein de la sphère légale avec l’arrivée de jeunes juges qui ont tendance à ne pas poursuivre les personnes LGBTQ+. Au sein de Proud Lebanon, Ibrahim travaille sur un projet de loi visant à abolir l’article en question. D’autre part, avant la révolte du 17 octobre 2019, sur un plan économique, les personnes de la communauté LGBTQ+ étaient très peu inclues dans le monde du travail. Bien qu’il existe toujours des difficultés, cette révolte a donné un nouveau souffle à la communauté qui est de plus en plus visible, inclue et présente dans le monde du travail libanais. 
 
Natalia TORRES (Espagne) - économiste et co-fondatrice de l’association AEGEE Malaga. 
L’Espagne se positionne à la 4ème place concernant les droits LGBTQ+ en Europe et se distingue nettement de ses voisins méditerranéens comme l’Italie (35ème place). Le pays dispose de nombreuses lois en faveur de l’égalité et de la non-discrimination des personnes LGBTQ+ ; la dernière en date étant la loi dite « trans » qui permet de changer de genre de manière administrative dès 16 ans. Malgré ce contexte positif, il subsiste quand même des problèmes, notamment chez les adolescents appartenant à la communauté LGBTQ+ qui font face à des crimes de haine. 49% d’entre eux déclarent également subir du harcèlement étant donné leur appartenance à la communauté LGBTQ+. La possibilité que l’extrême droite (le parti VOX) entre dans le gouvernement aux prochaines élections reste également une préoccupation importante au sein de la communauté LGBTQ+ espagnole. 
 
Brahim BASSEM (Tunisie) - militant Queer, réalisateur et fondateur d’une plateforme lancée en 2020 qui aborde les sujets LGBTQ+, de genre et de sexualité en dialecte tunisien. 
Travailler sur ces enjeux est compliqué dans le contexte tunisien qui est sensible et dangereux. L’homosexualité, la transidentité ou encore l’intersexualité restent illégaux au regard du droit tunisien depuis l’instauration de lois qui remontent à la période coloniale française (article 230 et article 266 bis) et passible de 3 ans de prison. D’autre part, la propagation des MST – notamment du VIH – est un problème important en Tunisie. La stigmatisation et la discrimination à l’égard des personnes de la communauté LGBTQ+ les dissuadent de se rendre dans des centres de santé pour s’informer, se soigner ou se faire tester. Malgré ce contexte défavorable, la communauté Queer en Tunisie reste forte et active dans de nombreux domaines (art, recherche académique…).  
 
Hamza BENSOUDA (Maroc) - spécialiste des questions de genre, activiste de la communauté LGBTQ+ depuis 2000 ainsi qu’hôte du podcast “A queer is yet to come”. 
Lorsque l’on parle de militantisme des droits LGBTQ+ au Maroc depuis les années 2000, il y a trois points principaux à garder à l’esprit : le contexte autoritaire, l’importance du digital et l’imbrication de la violence de l’Etat et celle du social. La section 6 de l’article A189 criminalise les « actes impudiques et contre nature avec une personne du même sexe », ce qui laisse l’identité LGBTQ+ déléguée à la violence du social. La question de cyberactivisme est également très importante au Maroc puisque le pays est classé 12e pays mondial en termes d’utilisation des réseaux sociaux du groupe Meta chez les 16-64 ans. Par ailleurs, Hamza parle de « politique délibérée de la violence » à plusieurs échelles : l’Etat délègue la violence physique à la société ; il y a ce qu’il appelle une « disjonction sociale » ; et le « système des trois 7 » (le chiffre 7 représentant la lettre Ha en arabe) : Hashak (sal), Hshouma (honte) et Haram (ce qui relève de la religion), qui détermine selon lui la situation des personnes de la communauté LGBTQ+ au Maroc. 

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