Résumé des échanges
Hosts : Swann HAREL, Chargée de mission Jeunesse, REF / Hend HASSASI, Coordinatrice du projet Tae’thir, REF
Modératrice : Sondos FAQUIH (Palestine)
Intervenant.e.s : Omnia AOU EL-NOUR (Egypte) ; Ahmed MERZAGUI (Algérie) ; Salvador CARNICERO (Espagne)
Sondos FAQUIH – membre du COPIL Jeunesses Med – Palestine
Dans l’introduction de ce webinaire, Sondos a rappelé que la Palestine est victime d’un génocide. Pourtant, les jeunes jouent un rôle très important en mettant en lumière cette situation, en particulier sur les réseaux sociaux. Grâce à leur mobilisation, ils transmettent une image réelle de ce que vivent les Palestiniens depuis le 7 octobre.
Salvador CARNICERO – membre de Jeunesses Med – Espagne
Salvador est un journaliste et directeur de podcast espagnol. Son podcast La Leyenda del Tiempo, est un véritable outil d'engagement social. À travers les épisodes, il aborde des questions cruciales telles que la politique, les droits humains, les migrations, l'art et la culture, ainsi que le féminisme. Pour Salvador, La Leyenda del Tiempo dépasse largement le cadre du simple podcast ; il la considère comme une radio communautaire vivante et engagée. Ce projet est né de la rédaction d’une thèse explorant les migrations comme un aspect fondamental de la condition humaine, avec pour objectif de favoriser un débat constructif sur la migration, en réponse aux discours souvent négatifs qui lui sont associés.
Le nom du podcast s'inspire d’une chanson du célèbre chanteur de flamenco Camarón de la Isla, La Leyenda del Tiempo, hommage au poète Federico García Lorca, assassiné au début de la guerre civile espagnole par les troupes du dictateur fasciste Francisco Franco.
Pour Salvador, ce podcast incarne un engagement durable, reposant davantage sur l’aspect artistique du contenu que sur sa simple fonction informative. Plus qu’un produit médiatique, il cherche à en faire une véritable œuvre. La Leyenda del Tiempo se distingue par son caractère inclusif et féministe, donnant la parole aux populations marginalisées et souvent ignorées par les médias traditionnels. Parmi celles-ci, on retrouve notamment les migrant.e.s, les réfugié.e.s, les demandeur.euse.s d’asile, les apatrides, les personnes d’origine gitane et les jeunes de moins de 35 ans.
Le podcast a ainsi créé une véritable communauté transnationale, un espace de partage et d'échange au-delà des frontières. Toutefois, le principal défi auquel Salvador fait face reste le manque de financement, ce qui limite le temps qu’il peut consacrer à son projet. Malgré cela, La Leyenda del Tiempo est un succès indéniable, plusieurs participants ayant été nommés à des prix prestigieux. Pour Salvador, son plus grand accomplissement demeure d’avoir agi en tant qu’ambassadeur de son podcast et de l’histoire qui l’entoure sur la scène internationale.
Ahmed MERZAGUI – membre de Jeunesses Med et participant du projet Tae’thir – Algérie
Ahmed est un artiste visuel et administrateur de projets de développement et humanitaires algérien. Son engagement a commencé dès 2008, lorsqu'il s'est impliqué en tant que bénévole au sein de plusieurs associations travaillant sur des thématiques telles que la jeunesse, l’éducation et l’environnement. Cet engagement s’est consolidé en 2014 lorsqu’il est devenu administrateur de projets, toujours en tant que bénévoles. À partir de 2016, Ahmed a élargi son champ d’action vers la culture et l’art, en particulier le cinéma, en lançant un projet de ciné-club et en organisant des projections de films suivies de débats à la Cinémathèque de Tlemcen. Après avoir terminé ses études en 2019, Ahmed s'expatrie et travaille au sein de plusieurs ONG internationales.
Parallèlement à son engagement humanitaire, son parcours artistique débute également tôt. D’abord écrivain, il se lance dans l’écriture de pièces de théâtre, puis dans la pratique théâtrale en jouant dans diverses troupes. Son approche de l'art visuel commence en 2015, lorsqu'il acquiert son premier appareil argentique, un pas qui le mène à sa première exposition en 2017. À partir de 2018, il explore de nouveaux horizons créatifs, notamment la vidéographie, le son et les nouveaux médias.
Ahmed est aussi membre actif de l'association culturelle « La Grande Maison », qui œuvre à la préservation du patrimoine immatériel et culturel, notamment en mettant en valeur l'héritage de Mohamed Dhib, grand écrivain algérien et source d'inspiration pour Ahmed dans son travail artistique et son engagement.
Son art s’intéresse particulièrement aux thématiques sociales, sociétales et identitaires. Il cherche à interroger la psychologie humaine et l’introspection, en partant toujours d’une histoire personnelle qu’il transforme en une expérience universelle, à laquelle de nombreuses autres personnes peuvent s’identifier.
Dans le cadre de Tae’thir, Ahmed porte un projet intitulé « Ta vie est une carrière : The Boutefteens », lancé en 2019, avec l’émergence du Hirak en Algérie. Cet événement a attiré son attention sur la diversité des jeunesses algériennes, qui forment aujourd'hui deux générations : la génération Y, née dans les années 80-90, et la génération Z, issue de la fin de la décennie noire et de l'ère de Bouteflika, jusqu'à l’essor du smartphone en 2009. Ce projet vise à analyser les différences générationnelles et leurs implications pour l'avenir de l’Algérie. Il aboutira à la création d’un livret d'art, d'une vidéo et d'un site web. Ce projet s’inscrit dans une démarche plus large de recherche et de questionnement, cherchant à inciter ses spectateurs et lui-même à la réflexion.
Dans le cadre de son engagement, Ahmed est confronté à plusieurs défis, notamment en ce qui concerne l’accès à l’art et à la culture, en particulier dans le contexte algérien. Il doit également faire face à un dilemme constant : celui de l’indépendance, entre la tentation de se consacrer pleinement à ce qu’il aime et la nécessité de se conformer aux exigences imposées par les financements externes.
Omnia ABU EL-NOUR – participante du projet Tae’thir – Egypte
Omnia est une artiste et formatrice égyptienne. Dans le cadre du projet Tae’thir, elle a réalisé un film documentaire sur deux villes égyptiennes : Alexandrie et Nuba. Bien que ces deux villes diffèrent profondément sur le plan géographique, culturel et traditionnel, elles partagent néanmoins un même point commun : le développement urbain et la modernisation. Dans ce processus de modernisation, Omnia souligne que les spécificités et les caractéristiques propres à ces sociétés sont souvent ignorées. Originaire de Nuba et vivant à Alexandrie, elle s'appuie dans ce documentaire sur les témoignages de personnes âgées des deux villes, mais aussi de jeunes, afin de refléter une diversité de perspectives.
Omnia a choisi l’art visuel comme moyen d’engagement, car elle s’y reconnaît pleinement. Pour elle, l’art visuel est un espace libre où elle peut exprimer ses opinions facilement, toucher un large public et s’exprimer de manière immédiate. C’est un terrain propice à la créativité et à l’imagination, un moyen d'expression sans barrières. Selon Omnia, l'art et la créativité sont des outils qui lui permettent de parler des défis qu’elle rencontre, tout en offrant un moyen accessible de partager ses idées avec le public, sans avoir besoin de recourir à un langage complexe. Elle ajoute également que les documentaires présentent un avantage unique : peu importe la langue, les émotions et les opinions peuvent être transmises et perçues, permettant ainsi des échanges authentiques.
Lors de la pandémie de Covid-19, Omnia a filmé son premier documentaire avec son téléphone portable, qui portait sur la vie des jeunes à Alexandrie et à Nuba.
Pour Omnia, les personnes sur lesquelles elle peut avoir un réel impact sont les enfants et les jeunes. C’est pourquoi l'art a été son choix comme forme d'engagement.
Comme les autres panélistes, Omnia est confrontée à plusieurs défis. Le principal est le manque de ressources financières. Toutefois, loin de la décourager, cela a stimulé sa créativité et l’a poussée à s'adapter. Un autre défi auquel elle fait face est la difficulté de transmettre son message au public ciblé par ses projets.