Résumé des échanges
Host : Swann HAREL, Chargée de mission Jeunesse, REF
Modératrice : Chaden MOATAZ (Shamseya – Egypte)
Intervenants : Blanche HOSTEING (Institut de Tramayes – France) ; Malik KARAJAH (Ard el Yas – Palestine) ; Issam ZORGUI (ADES – Tunisie)
Blanche HOSTEING – Institut de Tramayes – France
A la fin de ses études, Blanche ne savait pas vers quelle voie s’orienter. C’est ainsi qu’elle s’est rendue à l’Institut de Tramayes pour y suivre une formation de 9 mois destinée aux personnes en réorientation professionnelle. Dans ce petit village de 1000 habitants, elle a découvert un rythme complètement différent des grandes métropoles, un rythme plus lent, où les gens se connaissent mieux. A l’issue des 9 mois de formation, Blanche a décidé de rester vivre à Tramayes et de travailler à l’Institut.
L’institut de Tramayes est un centre de formations destiné aux personnes qui se questionnent sur leurs vies professionnelles et personnelles. La volonté de cet institut repose sur trois piliers : penser, œuvrer et entreprendre. Diverses formations sont proposées afin de découvrir les métiers de l’artisanat et de l’agriculture. Au sein de ses formations, l’Institut adopte une double approche en alliant l’entreprendre (apprendre la maçonnerie, la plomberie, la menuiserie ou encore le maraichage) avec l’apprentissage en invitant des enseignants-chercheurs pour dispenser des cours (en sciences sociales et humaines, en sociologie, en économie ou encore en philosophie). Cette double approche permet ainsi de saisir concrètement les enjeux globaux et du monde du travail et leur interconnexion.
En tant que jeune engagée dans le milieu rural, pour Blanche il est indispensable de nouer des liens entre les villes rurales et les grosses villes ainsi que de remettre en valeur les territoires ruraux qui sont souvent mis à l’écart en France et qui méritent d’être entendus.
Malik KARAJAH – Ard el Yas – Palestine
Jeune palestinien, vivant dans un pays occupé, Malik se lance dans le domaine de l’agriculture à l’âge de 20 ans. Son village, Saffa, est proche d’une zone confisquée par l’occupation israélienne où les discriminations raciales sont omniprésentes. Si Malik décide avec un groupe de jeunes amis de lancer leur coopérative agricole bio, c’est afin de réimplémenter la culture agricole sur des terres abandonnées par les propriétaires du village afin de les préserver de l’occupation. Son action devient alors un outil de résistance puisqu’elle lui permet de produire des fruits et des légumes, d’être indépendant, de ne se laisser gouverner par personne ainsi que de ne pas permettre aux colons de monopoliser la production agricole. La coopérative de Malik se trouve sur deux parcelles du village, dont une très proche du mur de séparation.
Être un jeune agriculteur dans un pays occupé a son lot de défis : les colons détruisent les récoltes, la coopérative manque d’eau puisque c’est l’occupation qui contrôle la quantité d’eau leur étant alloué ; l’entretien de la terre est couteux ; le prix du marché est élevé et la concurrence avec les produits israéliens est rude ; les travaux sont quasi impossibles car l’occupation ne permet pas l’utilisation de bulldozers, etc.
Malgré ces défis, Malik et son groupe trouvent des alternatives pour contrer les blocages de l’occupation. En effet, ils ont créé un puit avec les outils dont ils disposaient ainsi qu’un conteneur afin de préserver l’eau.
De par leur résilience, ils ont inspiré d’autre habitants du village à faire de même. Tous les dimanches, ils apprennent aux habitants à cultiver la terre et les sensibilise à la question. Aujourd’hui deux autres familles se sont ainsi lancées dans l’agriculture grâce à Malik et son groupe.
Malik souhaite encourager les jeunes à s’engager, par nécessairement dans l’agriculture, mais il espère que son expérience pourra motiver les jeunes à se mobiliser contre l’occupation.
Issam ZORGUI – Association du Développement et des Etudes Stratégiques (ADES) – Tunisie
En Tunisie, les jeunes représentent la majorité de la population. Or, dans les zones rurales, ces derniers ont peu d’opportunités. En effet, ils n’ont pas accès à une bonne éducation ou à des activités culturelles comme dans les grandes villes. Les institutions gouvernementales n’offrent aucune opportunité et aucuns services à ces jeunes, ce qui entrave leur développement positif. Les jeunes font ainsi face à un nombre de défis : ils ne savent pas quelles sont leurs ambitions, ils sont marginalisés dans leurs décisions ; ils n’ont pas les moyens de leurs ambitions ; ils sont isolés ; etc.
Issam s’est donc engagé auprès de la société civile tunisienne afin de lancer des initiatives dans le Sud et l’Est du pays à destination de ces jeunes. Avec son association, ils ont ainsi développé divers projets à destination des jeunes autour de 4 grand écosystèmes :
- Espace jeune : permettre aux jeunes d’avoir des espaces leurs étant uniquement dédiés
- Espace communication : permettre aux jeunes d’échanger, de créer des clubs et de discuter des idées pour améliorer la société
- Espace création : permettre aux jeunes de trouver des opportunités de travail, de se former
- Espace culturel : permettre aux jeunes d’avoir accès à l’art dans toutes ses formes