Synthèse du Webinaire : « La liberté d’expression et l’espace numérique : comment les jeunes s’engagent-ils.elles en ligne et hors ligne ️?»

14 novembre 2023 : 17h-18h
Zoom

Résumé des échanges

Host : Laetitia EL HADDAD, Coordinatrice du réseau Jeunesses Med, REF
Modératrice : Sondos FAQIH (Palestine)
Intervenants :  Ali MAHFOUD (Libye) ; Nidaa BASSOUMI  (Palestine) 
 

Ali MAHFOUD (Libye) – journaliste et vice-président de l’association MED 
Ali a quitté la Libye en mars 2022 pour la France du fait de la situation de la liberté d’expression dans le pays et de l’attaque de son organisation « Tanwir ». Lorsqu’il était en Libye, il travaillait avec beaucoup d’organisations, certaines gouvernementales et d’autres internationales, sur plusieurs projets avec pour thématiques l’immigration, la liberté d’expression, l’égalité de genre... Au sein de son travail, il essayait de porter la voix des jeunes méditerranéens sur leur situation, leurs défis, etc. Aujourd’hui, il est membre de l’association « MED : Dialogue Etudiant Méditerranéen » en France qui a pour idée de laisser les gens s’exprimer librement sur leurs expériences et de mettre les médias au sein de toutes les questions auxquelles nous faisons face dans nos vies.  Au sein de l’association, toute personne souhaitant témoigner, que ce soit anonymement ou non, est accueillie sans discrimination. L’objectif de l’association est de produire divers contenus médiatiques (podcast, vidéo, articles…) afin de délivrer un message clair et transparent. Ali exprime l’importance de la liberté d’expression et se positionne comme étant capable de soutenir les personnes qui ont besoin de s’exprimer de quelconque manière que ce soit. En Libye, donner son avis librement sans anonymat est très dangereux puisque l’on court le risque d’être arrêté par tel ou tel parti politique ou tel ou tel groupe sécuritaire. La situation est plus ou moins différente dans le sud de la Méditerranée, mais toute la population reste confrontée au même manque de liberté d’expression. Lors des révolutions des Printemps Arabes, les populations du sud de la Méditerranée avaient pour espoir que cette situation change. Or, ils font face aujourd’hui à un rétrécissement des libertés d’expression.
 
Nidaa BASSOUMI (Palestine) – militante d’un centre qui s’occupe des droits digitaux 
Le centre dans lequel Nidaa travaille a été créé sur initiative de jeunes palestiniens après avoir constaté qu’il y avait de grandes violations des droits digitaux sur les réseaux sociaux. En effet, beaucoup d’entreprises de réseaux sociaux (telle que Meta) ont des relations économiques avec Israël et certaines personnes du gouvernement israélien ont des postes importants au sein de ces mêmes compagnies et font ainsi tout pour faire taire la voix des Palestiniens sur les réseaux. Nidaa explique que comme la majorité des Palestiniens, elle ne peut pas s’exprimer librement sur les réseaux sociaux : ses publications et ses comptes sont supprimés, des limites de publications lui sont imposées… Cette censure s’est particulièrement fait ressentir depuis le 7 octobre. Par exemple, sur Messenger, le caractère privé a été victime de violations très grave : il n’était pas possible de partager certaines vidéos sur le réseau. Cette censure est opérée de manière illégale et disproportionnée et le traitement des contenus est différent d’un « camp » à l’autre. En effet, alors que Meta a déclaré avoir supprimé 750000 contenus relatifs à la situation en Palestine sur ses réseaux, le centre de Nidaa a relevé plus de 20000 messages circulant chez les Israéliens appelant à la mort, au massacre et au génocide des Palestiniens sans que ceux-ci ne soient supprimés par Meta. Les Palestiniens sont également victimes d’une autre violation : l’arrestation des journalistes. 26 journalistes ont été arrêtés en Cisjordanie pour leurs publications sur les réseaux sociaux et dans les médias traditionnels en plus des 150 civils arrêtés pour les mêmes faits. Une nouvelle loi a également été créée criminalisant le simple fait de regarder des vidéos relatives aux factions palestiniennes sous peine d’amendes et d’un an d’emprisonnement. Le ministère des Télécommunications israélien a également déclaré vouloir couper entièrement internet à Gaza ce qui représente une violation intégrale du droit à l’accès à l’information. La violation numérique et l’étouffement de l’information et des messages provocateurs des Israéliens est une tentative de tuer les Palestiniens et l’avenir du pays car l’avenir de la Palestine sera écrit sur les archives de ce qui se passe aujourd’hui. Or, toutes ces archives sont en train d’être effacées sur les réseaux sociaux. Pour Nidaa, l’oppression de la liberté d’expression des Palestiniens est aussi dangereuse que l’action militaire car quand vous interdisez à un peuple de dire qu’il est victime d’un génocide, vous laissez libre cours et encouragez les violations. 
 

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